De la violence des frontières à la violence policière.
Entretien avec les No Border


Pour Chimères n° 88 Subjectivités en état d’urgence
Février 2016
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1. Qui sont les No Border ?

Les No Border sont un réseau, et non pas une association. C’est moins formel. Ce sont des militants, travaillant par rapport à un positionnement politique. Nous réclamons la liberté de circulation, l’abolition des frontières. Ce problème fait partie d’un tout, et n’est pas isolé. La démarche diffère donc de la démarche humanitaire, qui se concentre sur les conséquences sans se préoccuper des causes. Nous ne sommes pas du milieu humanitaire, ce n’est pas notre porte d’entrée. Et donc, on ne se retrouvait pas dans les autres associations : nous cherchons autre chose que du travail humanitaire.
Étant donné que les choses, on les voit beaucoup à Calais, c’est plus facile d’y travailler à Calais qu’ailleurs. Ici, ça se voit tout le temps. Les questions migratoires étaient des questions sur lesquelles on avait travaillé par d’autres biais (celui de la radio, par exemple, en Allemagne).

2. Comment les choses ont-elles commencé ?

Le réseau existe depuis 2009, où il y a eu un camp No Border organisé après l’expulsion de la « jungle » des Pachtounes. On a voté une présence permanente à Calais. Une volonté de revendication s’est mise en place, avec beaucoup d’activistes anglais, puis des français. L’organisation collective autour de la question était plus forte en Angleterre, et la présence anarchiste sur le Nord-Pas-de-Calais était plus centrée à Lille. C’étaient donc des gens de Lille qui venaient en soutien à Calais et s’investissaient. Le mode d’organisation militante dans le Nord était le principe des camps pour regrouper des gens de divers horizons d’extrême gauche. Ça brasse assez large, les gens qui organisent ces campements sont un groupe dans une ville. Il y a des gens qui vont rester à Calais, d’autres à Lesbos. Il n’y a pas de coordination générale, il n’y a aucun endroit qui centralise une information. Ce sont plutôt des valeurs communes. Il y a beaucoup de diversité à l’intérieur ; pas d’identité commune, mais des valeurs communes : liberté de circulation et d’installation, fermeture des centres de rétention.

3. Quelles sont vos stratégies ?

Ça revient plus à un mode d’organisation locale : Calais Migrant Solidarity est la partie calaisienne du réseau. Un blog a été créé en 2009, pour communiquer sur la frontière et sur ses violences. Sur un communiqué de presse, on signe : « Calais Migrant Solidarity ». Les stratégies s’élaborent localement. Une partie des stratégies est sur un positionnement de base. Il y a donc des luttes qui sont de soutien. Ça peut même être à certains moments de l’aide humanitaire pure : aider concrètement, fournir du matériel informatique pour monter des vidéos, traduire des textes. À un moment, on avait un vestiaire avec des fringues et du matos humanitaire :.
Mais on ne faisait pas de distribution : on ouvrait la porte et les gens venaient choisir leurs vêtements. Quand il y a beaucoup plus d’assos qui sont arrivées, on a arrêté de le faire. Nous nous voulons être AVEC les gens, dans un geste de solidarité. Il n’était pas question de faire des files d’attente et de fixer des jours pour la distribution des couvertures.

4. Votre action s’est beaucoup concentrée sur les violences policières : de quelle manière ?

Ça a commencé dès 2009, avec un soutien : quand il y avait des témoins, ça faisait diminuer la violence et ça la documentait. Le boulot sur les violences policières a donc commencé dès le début. Ça a donné en 2011 une saisine du Défenseur des droits. Mais du coup, on retrouve un recensement quotidien de tout ce qui se passait : on documentait toutes les violences. Les gens, il fallait les accompagner aux lieux de distribution, sinon ils se faisaient arrêter dans la rue : c’était une chasse aux migrants. On marchait devant eux pour vérifier qu’il n’y avait pas de voiture de police.
Après la première saisine en 2011, les violences policières ont changé. En 2012, il y a eu la réponse du ministère. Le Défenseur des droits a mis un an à faire son rapport. C’était la première fois qu’il y avait autre chose que des anarchistes qui parlaient des violences policières : arrestations répétées, passages à tabac,.
Ça a un peu changé les choses, et ça a permis de mettre un focus sur Calais et sur la question des droits. Il y a eu des ouvertures de squats qui n’ont pas été expulsés immédiatement, et sur lesquels il a pu y avoir des procédures : la mairie a été contrainte de respecter la loi sur cela.

5. Quelle a été votre action concernant les squats ?

Il n’y avait aucun endroit safe dans tout Calais. La nuit, les flics venaient sur les lieux de vie harceler les exilés , par exemple en faisant des appels de phare. En 2012, il y a eu les premiers squats légaux, avec des procédures. Il y a eu le squat de la rue Caillette. Les squats ont été considérés comme un outil contre les violences policières : une sanctuarisation du domicile. Les No Border passaient la nuit dans les squats, pour donner des coups de sifflet quand les voitures de police arrivaient. Le boulot face à la police, c’était de surveiller les lieux : « morning watch », « Cop watching ». Les squats se sont arrêtés avec la « jungle », ou bidonville, le 1er mars 2015.
À la période des squats, il y avait à la fois squat et « jungle ». C’est ce qui existe à Norrent-Fontes. Avant que ce bidonville existe, on disait « le lieu de vie » : c’étaient les squats ou les « jungles ». Au temps de Sangatte, il n’y avait pas de squat.

6. Et maintenant ?

Il y a toujours des squats à Calais, mais ils sont plus discrets. Un squat public ne peut plus exister : dès que les flics savent qu’il y a un squat, ils vont l’évacuer. Le squat n’est pas idéal, et ça supposait beaucoup d’énergie, pour défendre six cents personnes en grande précarité subissant des violences policière, institutionnelles, culturelles. Mais j’étais contre le fait qu’on aille dans le bidonville. J’ai des amis qui y vivent, donc je vais les voir. Mais je n’ai pas d’activité suivie sur cette « jungle ».
Par ailleurs, No Border est hyper-diversifié. Rien qu’entre nous, on s’implique déjà différemment. Il y a des locaux, et des militant.e.s d’ailleurs. On ne peut pas parler des activités du réseau No Border : il y en a qui bossent sur les centres de rétention, d’autres sur les violences, etc. c’est très diversifié.
On travaille sur les violences policières. On fait plein de choses qui nous parlent. On documente les violences quand c’est possible, mais moins que ce qui avait été fait entre 2009 et 2011. Noter tout ce qui se passe en termes de violence, et en parler, nécessite un regard un peu plus large. D’autres gens ont fait des vidéos de ce que tout le monde sait, mais que personne ne voulait voir.

7. Comment voyez-vous le devenir du contexte politique ?

Il y a deux ans, on notait comme un événement l’arrivée d’une troupe de CRS. Maintenant, il y a soixante fourgons de CRS, et ça ne choque plus personne : il y a une banalisation de la violence, une résignation.
Les gilets rouges que l’on voit actuellement, tous les matins, dans le camp de Calais, sont des associations payées par l’État pour faire partir les gens : des associations comme SOS-Solidarités ont pour mandat d’envoyer les gens en Centre d’Accueil et d’Orientation, dans tous les coins de France. Ils sont une organisation d’expulsion lente sous casquette humanitaire, et ils font monter les migrants dans les bus pour mettre en œuvre les mesures gouvernementales d’éloignement.
C’est sur le même principe que les placements en rétention à volonté, dans les quatre coins de la France. Mais les gouvernants se sont fait taper sur les doigts à cause de l’illégitimité manifeste du placement en rétention lorsque ce n’est pas pour renvoyer les gens dans leur pays d’origine ou de transit mais pour vider Calais, et ils ont trouvé l’idée, moins ostensiblement violente, du CAO, pour pouvoir expulser tranquillement, sans qu’il n’y ait plus ni soutien ni suivi.
Les CAO ont donc été mis en place en urgence depuis quatre mois par l’État. Mais même l’État n’a plus les moyens de les financer. Des migrants se sont retrouvés dans l’ancienne gendarmerie désaffectée, faisant office de CAO, en rupture de stock alimentaire, sans travailleurs sociaux, sans personne pour les accueillir, et ils ont été laissés là. Avant que l’État ait la liste, ça a pris du temps. Qu’est-ce que ce dispositif va devenir ? L’État ne le sait même pas. Il va donc devoir garder les structures, puisqu’il veut vider Calais. Mais tous les mois, un préfet fait des boulettes en mettant les migrants en centre de rétention ou dans un avion.
Il y a une nouvelle forme de rétention sans barbelés : le Centre d’Accueil Provisoire, les conteneurs sur le bidonville, avec système de vidéo-surveillance. Les associations locales disent que c’est une avancée : les gens qui voient des containers disent que c’est une bonne chose, parce que c’est chauffé. Actuellement, c’est encore attrayant parce qu’on peut encore aller prendre un pot dans la « jungle ». Mais en réalité, dans deux mois c’est fini. Et le degré de résignation augmente.

8. Est-ce une stratégie de diversion ?

Oui, les dirigeants ont été efficaces : ils font peur aux associatifs. Le préfet a mis la pression. Ce week-end même, il y avait des associatifs qui louaient des camions pour déplacer les gens présents sur la zone sud. On a donc deux types d’expulsion : par l’humanitaire et par la violence. Il y a toujours cette tentative d’humanitaire, et si ça ne passe pas, c’est la violence. Après l’expulsion faite du lieu de distribution alimentaire « salam » en juillet 2014, les gens réagissent un peu plus. Il y avait eu à ce moment 600 arrestations, 200 placements en rétention. On est sur un mode de rafle.

C’est aussi une stratégie de contournement de l’opinion. Le jeu des médias fait celui du pouvoir politique. Après la rafle, tous les associatifs étaient OK avec les No Border. Mais les associations qui fournissent la nourriture sur Calais n’étaient pas en capacité de le faire. Vingt-cinq volontaires de plus de soixante-dix ans ne pouvaient pas faire la nourriture de huit cents repas. Pour eux, c’est donc une avancée que l’État s’en occupe. Petit à petit, on déplace les gens sur les centres de repas. On te dit qu’on va venir te taper dessus dans tous les squats, alors que si tu veux, là-bas dans les centres, tu seras tranquille.
Il y a plus d’acteurs qu’avant, donc c’est moins évident. La plupart des gens de la « jungle » ne savent pas qui est No Border ni ce qu’ils font. Et dans la ville, chaque fois qu’il y a un Blanc et deux Noirs, on considère que c’est le Blanc qui a la capacité d’être responsable. Ainsi, c’est nous qui allons chercher les gens à la sortie de prison.

9. Mais les décisions d’enfermement des migrants et les comportements policiers sont juridiquement condamnés.

Oui, c’est l’État qui est en situation d’illégalité. Il est condamné, aussi bien par le HCR que par la Cour européenne des Droits de l'Homme, sur la situation à Calais. On parle de violence d’émeutes, alors qu’on envoie des centaines de grenades lacrymogènes contre des familles. On gaze collectivement les gens s’ils tentent de passer en Angleterre, mais on parle d’émeutes dirigées par les No Border.
Ce qui est terrible, c’est qu’on avait gagné sur bien des points à Calais, mais qu’avec le bidonville on a tout reperdu. Sur le blog, on disait : « Il ne faut pas y aller, parce que c’est une souricière ». No border est hyperactif dans la collecte d’images, mais les vidéos ne passent pas. On montre des vidéos où les flics donnent des coups de matraque. L’État torture des migrants à Calais : des gens, jetés à la flotte, subissent des humiliations. Et quand tu filmes, tu es aussi ciblé : ta caméra est cassée. Savoir que tu te fais courser toutes les trois minutes, ça n’a rien de facile. Il se passe plein de choses pourtant ; mais si tu veux avoir des images nettes, tu ne peux pas utiliser de téléobjectif, et donc tu prends plus de risques. Mais à chaque fois que les vidéos sortent, du coup le mode de violence change.
Quand des migrants sont trouvés par la police dans les camions, gazer, refermer la porte, ouvrir, regazer, refermer la porte, puis les laisser partir en courant, c’est une pratique constante des policiers. L’État ne considère pas les gens ici comme des humains. Il s’agit de faire passer un message, par une politique du harcèlement, à destination de tous les exilés.

10. Y a-t-il un changement de configuration de la violence ?

Depuis Sangatte, des armes sont distribuées sans vérifier à qui : on voit aussi la ville comme un laboratoire des politiques européennes. Auparavant, les forces de l’ordre commettaient plus d’erreurs. Mais maintenant, il y a un changement de niveau et d’échelle. Si on fait le parallèle avec les camps nazis, certaines photos peuvent se superposer. Seulement, si tu ne vas pas gazer les gens jusqu’à la mort, tu peux tout faire. Les ratonnades ont recommencé cette année à Calais. À Lidl, le mot d’ordre était : « un Noir à la fois », et les autres faisaient la queue dehors.
La maire dit qu’elle veut changer la loi d’accès à la piscine, pour que les migrants ne puissent plus y aller, et elle le fait : « Oui, j’ai choisi la ségrégation. On garde trois tables réservées pour les Blancs, et les migrants peuvent venir ». C’est une forme d’apartheid.
Le Carrefour à la ZUP, les gars n’ont pas le droit d’y aller. ils sont repoussés du centre-ville vers la « jungle ». On ne veut pas les voir, et on leur fait bien comprendre, par la violence institutionnelle, policière ou civile. Un pote, il y a quelques mois, roulait à vélo dans une rue de Calais, et s’est pris trois amendes par la police municipale pour avoir fait tomber un papier, rouler sur le trotoire, etc. des délits dont tu ne connais même pas l’existence.

11. Le camp n’a-t-il pas pourtant suscité des mobilisations ?

Cette « jungle » ne fait rien avancer : on espère au contraire que les migrants vont pouvoir revenir au centre-ville. Les gens sont investis sur le lieu, mais désinvestis de ce sur quoi ils devraient s’investir. Il y a un an, les gens étaient dans le centre-ville, et c’était normal. la situation est devenue extrême parce qu’on a opposé deux villes. On a ainsi augmenté la tolérance de la population à la violence.
Nos propres mobilisations sont de plus en plus lourdes à porter : quand on est « cramés », on s’encourage mutuellement à prendre des vacances. Et après, on revient … C’est aussi une évolution de nos formes de militantisme. Il y a certaines formes de militantisme qu’on n’a pas envie de reproduire aujourd’hui. Surtout quand on est là en permanence et qu’on voit l’évolution des choses.

12. Quelles stratégies pour affronter les violences ?

Il y a des stratégies juridiques, par les associations formées au droit comme Human Right Watch. Et il y a aussi la vidéo. En 2015, ça a beaucoup parlé des violences. Il y a de vieux procès d’un an, pour des gens qui ont subi des violences policières. Mais c’est difficile de faire valoir ces droits ici : S’il y a quelqu'un qui veut bien en parler et porter plainte, l’avocat demande où : en général c’est la nuit, et la personne était seule. Et donc : « Ne porte pas plainte, ça sert à rien ». Les seules occasions où on peut porter plainte, c’est quand on a des vidéos.
Les outils ne sont pas adaptés pour parler des violences à Calais. C’est difficile de porter plainte à la police, pour une population qui ne connaît pas ses droits et se sent illégal sur le territoire. Il a déjà eu des images, et des dépôts de plainte (treize en quelques semaines), adressées au procureur, au Défenseur des droits et à la Cour Internationale des Droits de l'Homme, ou à Human Right Watch : c’est fait ; donc, ça devient difficile en termes de stratégie. Le Défenseur des droits peut intervenir sur les personnes individuelles par un signalement ; la police des polices travaille sur un dépôt de plainte. Mais s’il y a une agression sans témoin, on s eoudte qu’il n y aura pas de suite.

13. Quels sont les différents modes d’exercice de la violence ?

Il y a deux types de comportement : la violence générale de la police en elle-même, ou les ratonnades. Ce sont deux types d’abus :
- des abus structurels : utiliser des gaz ou des matraques, tabasser les mecs à la sortie des camions, faire passer les gens dans l’eau. Les policiers ont creusé des douves dans le tunnel : on bloque les migrants qui tentent de passer, et on les oblige à revenir dans l’eau.
- des abus individuels avec passage à tabac pendant des heures, comportements individuels violents de la part de policiers particuliers.
Il y a des personnes à l’hôpital depuis trois mois, parce qu’ils se sont fait coincer par les voitures de flics contre une rambarde de sécurité. Moi, je ne regarde même plus les images. Il n’y a jamais eu autant de morts à Calais, ou blessés graves (amputation). C’est depuis qu’ils ont augmenté les « moyens de sécurité » du tunnel. Les gens prennent plus de risques … mais il n’y a plus de problème de « fluidité du trafic ».
Là où ont eu lieu des ratonnades, il y a à chaque coin de rue une voiture de flic. Les agressions avaient lieu tous les jours, aux mêmes heures, aux mêmes endroits. Et quand il y a des troupes de CRS aux mêmes endroits, comment peuvent-ils n’avoir rien vu ? Les ordres sont de surveiller les buissons.

14. Quels types de violences autres que policières ?

Pour ceux qui font la démarche de demander l’asile, il y a toute la violence administrative. Les copains qui ont obtenu l’asile depuis un an ou deux, pas un n’a eu son premier cours de français. La Caisse d’Allocations Familiales de Calais a arrêté les allocs au bout d’un an. Ça n’est possible que pour ceux qui sont aidés par des personnes qui sont là. Après, ça fait trois ans que tu vis sur une jungle, que tu as une vie totalement chaotique et que tu n’as connu que ces brutalités administratives, institutionnelles, policières, civiles. Un exilé peut subir de multiples formes de violences. D’où l’intérêt d’une permanence violences.

15. Comment est-elle née ?

La thématique des violences policières était très liée à No Border. C’est ce constat de départ qui a donné l’idée de travailler sur Calais. C’était l’époque où il y a eu des violences policières au Beau-marais. Il s’agissait d’ouvrir sur ce qui pouvait faire du lien. L’idée était de faire valoir des droits. Mais ça n’a pas marché : il n’y a pas eu de communication. Du coup, l’idée est venue d’une permanence téléphonique pour recueillir des témoignages et permettre un accompagnement à la plainte. Au début, le numéro tournait pas mal, il était distribué avec des flyers : les gens étaient très réactifs pour recevoir les appels. C’était donc plus conçu pour les associatifs. Mais par la suite, ça n’a jamais bien marché, parce qu’il y a eu une banalisation importante des violences. Les gens ont perdu l’idée qu’ils avaient des droits : il faut rappeler aux gens qu’ils sont des êtres humains, et qu’ils n’ont pas à être massacrés par la police.
Le numéro de téléphone servait à mettre en lien pour aller voir la personne le lendemain. Mais il y a souvent eu un sentiment d’inefficacité, à cause d’un système judiciaire insuffisant. Depuis trois mois, il y a une juriste qui a fait un travail énorme avec les avocats. Il y a eu un poste financier pour l’Appel des 800. D’où des bonnes volontés, des bonnes idées, mais peu d’efficacité. À un moment, on n’était plus que deux personnes. D’autres structures, comme MDM, ont repris un travail de recueil des témoignages. Et on a installé une cabane juridique dans le camp pour le suivi.
À Calais, les urgences ne font pas de certificat de coups et blessures : la médecine légale n’y est accessible qu’à partir du moment où on a porté plainte. D’où, obstacle supplémentaire surmonter, la nécessité d’aller à Lille.