JUNGLE, BASSE-COUR, LABO ZOOLOGIQUE
Projections et déjections de l’animal colonisateur


Chimères n° 81, La Bêtise, novembre 2013

Frantz Fanon écrit et publie Les Damnés de la terre en 1961, non comme une analyse à froid, mais comme une arme en période de combat, pendant la lutte de décolonisation de l’Algérie dont il est un acteur-phare. L’ouvrage retourne directement contre le système colonial l’imputation d’animalité, que celui-ci a montée comme une vraie machine de guerre, et dont il va démonter pièce à pièce les mécanismes.
Au cœur de ce dispositif, la médecine coloniale, comme outil « scientifique » de représentation du colonisé en animal de laboratoire. Fanon montre que tout le montage en repose sur une tautologie, première faute logique : l’indigène est bête parce qu’il est bête, animal sauvage dont le mieux qu’on puisse en faire est de le transformer en objet d’observation ou, mieux, d’expérimentation.
Fanon, psychiatre cultivé d’origine antillaise épousant la cause du FLN, ne va pas simplement dénoncer la barbarie physique infligée aux colonisés par ceux-là même qui les traitent de barbares, mais la profonde bêtise de ces Bouvard et Pécuchet de la médecine positiviste que sont les médecins-chercheurs coloniaux. Leur faire rentrer dans la gorge l’abyssale prétention de leur ignorance, leur faire ravaler l’illogisme profond de leur prétention à la scientificité.
S’occuper d’un débat d’experts psychiatres et de neurologues en pleine guerre d’Algérie, est-ce bien nécessaire ? Fanon montre que c’est précisément là, au sens propre, le nerf de la guerre.

C’est en 1935 au Congrès des aliénistes et neurologistes de langue française qui se tenait à Bruxelles que le professeur Porot devait définir les bases scientifiques de sa théorie. Discutant le rapport de Baruck sur l’hystérie, il signalait que L’indigène nord-africain, dont les activités supérieures et corticales sont peu évoluées, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par son diencéphale.

Selon les définitions classiques, le diencéphale est la partie de l'encéphale dont le rôle essentiel est l'intégration des fonctions sensorimotrices, neuro-végétatives et neuro-endocriniennes, fonctions identiques à celles de l’ensemble du monde animal. Le cortex cérébral est au contraire le siège des fonctions neurologiques élaborées : intelligence, mouvement volontaire, conscience, jouant un rôle indispensable dans les fonctions supérieures, et proprement humaines, que sont le langage et la mémoire.
Ainsi, comme l’interprète Fanon :

Nous sommes en présence d’un comportement cohérent, d’une vie cohérente scientifiquement explicable. L’Algérien n’a pas de cortex, ou pour être plus précis, la domination comme chez les vertébrés inférieurs est diencéphalique.

Et il donne une autre référence de cette interprétation neurobiologique du comportement « africain » :

Pour se faire bien comprendre le docteur Carothers établit une comparaison très vivante. C’est ainsi qu’il avance que l’Africain normal est un Européen lobotomisé. (…) La disposition des structures cérébrales du Nord-Africain rend compte à la fois de la paresse de l’indigène, de son inaptitude intellectuelle et sociale et de son impulsivité quasi-animale.

Un déterminisme naturel intégralement construit par la volonté discriminante fait du colonisé simultanément un objet d’étude zoologique et vivisectrice : l’observation comportementale du sujet vivant (paresse, inaptitude intellectuelle, impulsivité) est immédiatement rapportée à une théorie physiologique de l’observation supposée du cadavre (atrophie du cortex, prééminence du diencéphale), qui renvoie tout acte à une surdétermination et une prédestination sans appel : une causalité intégrale et immédiate, identique à celle du monde animal puisqu’elle est privée de la médiation réflexive spécifiquement humaine qui conditionne la liberté.
D’où le lien aux théories du médecin légiste italien Cesare Lombroso sur le criminel-né : la prétention à déduire de l’étude phrénologique des constantes anthropologiques. À établir des « lois » qui lient la nature des formes anatomiques du cerveau au déterminisme des comportements. La criminologie permet ici d’établir des déterminants organiques de la délinquance, non pas en faisant abstraction de tout contexte économique et social, mais en posant sur lui un véritable négationnisme, par l’indexation du comportement social sur le conditionnement biologique. Pour Lombroso en tant que médecin légiste, comme pour Porot en tant que psychiatre, il n’y a pas d’herméneutique autre que physiologique. Et la physiologie construit la hiérarchie sociale comme une hiérarchie naturelle, en essentialisant les positions : ce statut d’infériorité congénitale que Lombroso attribue aux « classes dangereuses » dans l’Italie de la fin du XIXème siècle, l’Ecole d’Alger l’attribue aux « indigènes » dans l’Algérie de la première moitié du XXème siècle, sous le nom de « primitivisme ». Une opération qui inscrit le racisme comme une donnée scientifique :

L’Algérien, affirmait-on, est un criminel-né. Une théorie fut élaborée, des preuves scientifiques apportées. Cette théorie fut l’objet pendant plus de vingt ans d’un enseignement universitaire. (…) Le Nord-Africain est un criminel, son instinct prédateur est connu, son agressivité massive perceptible à vue d’œil. (…) L’Algérien mélancolique ne se suicide pas, il tue. C’est la mélancolie homicide bien étudiée par le professeur Porot dans la thèse de son élève Monserrat. Comment l’école algérienne rend-elle compte de cette anomalie ? D’abord, dit l’école d’Alger, se tuer, c’est revenir sur soi, c’est se regarder, c’est pratiquer l’introspection. Or l’Algérien est rebelle à la vie intérieure. Il n’y a pas de vie intérieure chez le Nord-Africain.

Il fallait pour cela que la psychiatrie elle-même soit intégralement indexée sur la neurobiologie. Et Porot, lui-même médecin de médecine générale intéressé par la neurologie, mais pas même formé dans cette discipline, ne devient « psychiatre » que par la magie de la toute-puissance coloniale, en mettant le pied sur le territoire tunisien, puis en Algérie.
L’ « indigène » est donc le sujet idéal pour expérimenter la toute-puissance coloniale comme omniscience neurobiologique, voire démiurgique, pour un « chercheur » qui n’est pas neurologue, mais ne manquera pas d’objets d’expérimentation pour étayer ses dogmes, lui permettant d’écrire en 1918 les Notes de psychiatrie musulmane, ou en 1932 L’impulsivité criminelle chez l’indigène algérien : ses facteurs, d’où Fanon tire les citations de son texte. C’est du reste dans l’hôpital psychiatrique qu’il a créé, à Blida, que Fanon devient médecin-chef d’une division en 1953, au sortir de son expérience à Saint Alban avec Tosquelles. Et il est clair que, de l’apprentissage d’une psychothérapie institutionnelle soucieuse de questionner les dérives de l’organisation du pouvoir thérapeutique, à un système psychiatrique intégralement lié à la domination coloniale, le gouffre est abyssal.
Fanon va donc pointer une à une les contradictions de cette psychiatrie coloniale qui porte mieux son adjectif que son nom, en montrant précisément et à tous les niveaux, que la locution constitue un oxymore. Comment en effet prétendre soigner le psychisme d’un sujet à partir du présupposé qu’il « n’a pas de vie intérieure » ? Une psychiatrie qui nie l’existence même d’un fondement psychologique, et donc toute possibilité de subjectivation, comment ne pas voir que c’est précisément par ce présupposé qu’elle peut non pas soigner, mais au sens propre rendre fou ?

Parce qu’il est une négation systématisée de l’autre, une décision forcenée de refuser à l’autre tout attribut d’humanité, le colonialisme accule le peuple dominé à se poser constamment la question : « Qui suis-je en réalité ? ».
Il y a donc dans cette période calme de colonisation réussie une régulière et importante pathologie mentale produite directement par l’oppression.

C’est précisément la bêtise « forcenée » des colonisateurs, comme constant déni de réalité, comme abus constant de scientificité, qui est au sens propre égarante dans la mesure même où elle est dominante. Une bêtise souveraine, impériale, aveugle à son propre aveuglement, disciplinaire et néanmoins contrôleuse, insidieusement diffusée dans les mentalités. Un ethnocentrisme qui réduit le colonisé au double statut contradictoire dont est affectée la nature elle-même : soit décor passif du paysage à contempler :

Les Algériens, les femmes en « haïk », les palmeraies et les chameaux forment le panorama, la toile de fond naturelle de la présence humaine française.

soit violence active d’une hostilité à dompter :

La nature hostile, rétive, foncièrement rebelle est effectivement représentée aux colonies par la brousse, les moustiques, les indigènes et les fièvres. La colonisation est réussie quand toute cette nature est enfin mâtée. Chemins de fer à travers la brousse, assèchement des marais, inexistence politique et économique de l’indigénat sont en réalité une seule et même chose.

La réduction de l’autre à un environnement naturel décoratif ou hostile, n’est pas seulement ce qui interdit la relation intersubjective supposée comme prérequis minimal par le soin psychiatrique. C’est aussi une attitude qui conduit à la logique surplombante d’une volonté de domination qui identifie la brousse, les moustiques, les indigènes et les fièvres comme cela même dont l’homme, c'est-à-dire le colonisateur auquel seul est attribuable cette désignation, doit, pour reprendre la formule cartésienne se rendre comme maître et possesseur :

Et la conclusion, c’est un sous-préfet – aujourd’hui préfet – qui me la donnait : Il faut domestiquer la nature, non la convaincre.

L’inexistence politique et économique de l’indigénat, c’est ce que le philosophe Sidi Mohammed Barkat désignera comme « corps d’exception » : un corps que l’absurdité des textes juridiques, et les contradictions des directives qui prétendent le réguler, rendent intentionnellement inapte à la subjectivation. De la représentation de la jungle à celle du laboratoire zoologique, le parfait aveuglement du positivisme colonial fabrique le colonisé comme la bête que ne veut pas être le colonisateur, et que de ce fait même il devient. Et les abus du darwinisme social transforment l’espace colonial en une arène configurée comme un poulailler. Ce n’est alors même plus l’observation du médecin expérimentateur, mais celle du vétérinaire, qui est convoquée à scruter en terre étrangère les effets du struggle for life qu’il a lui-même induit :

Les vétérinaires pourraient éclairer ces phénomènes en évoquant le fameux « peck-order »constaté dans les basse-cours. Le maïs qui est distribué est en effet l’objet d’une compétition implacable. Certaines volailles, les plus fortes, dévorent toutes les graines tandis que d’autres moins agressives maigrissent à vue d’œil. Toute colonie tend à devenir une immense basse-cour, un immense camp de concentration où la seule loi est celle du couteau.

Le « peck-order », versant volaille de la loi de la jungle, circonscrit la violence du geste prédateur à l’enclos de la basse-cour : une arène où les dominés s’entre-déchirent comme des esclaves-gladiateurs pour la pitance qui leur est jetée par les dominants. Fanon décrit ainsi, en 1944 à Oran où il embarquait, de retour de ses activités de résistant en Europe, des enfants algériens se précipitant avec la violence de la rivalité sur le pain que leur jetaient les soldats. Et cette arène a son exact équivalent dans la figure du camp de concentration. Georges Perec en donnera une métaphore en 1974, dans W ou le souvenir d’enfance, où la logique du stade sportif, réitérant celle de l’arène romaine en même temps que celle du camp d’extermination, inscrit son écriture fictive dans l’actualité même du stade de Santiago du Chili, et de la répression consécutive au coup d’Etat militaire. Le livre s’achève ainsi :

J’ai oublié les raisons qui, à douze ans, m’ont fait choisir la Terre de Feu pour y installer W : les fascistes de Pinochet se sont chargés de donner à mon fantasme une ultime résonnance : plusieurs îlots de la Terre de Feu sont aujourd’hui des camps de déportation.

Il y a donc bel et bien une fabrique de l’indignité du colonisé : fabrique pavlovienne de son comportement violent, à partir d’une économie du manque et de la claustration, du type de celle que décrit Perec dans W. Une économie politique au sens propre, puisque la bestialité du besoin alimentaire y est toujours prétexte à la dissymétrie des rapports de pouvoir. Et que celle-ci est mise en scène dans l’espace clos d’une société fondée par la discrimination. La Ferme des animaux d’Orwell reprendra cette logique de la bêtise comme modalité animalière de la basse-cour, métaphore (courtisane dans le sens de La Fontaine) de la hiérarchisation sociale.
Mais Fanon montre que cette logique bestiale est celle-là même qui se retourne contre le colonisateur : la logique de la réduction de l’autre à la bêtise est stupide en ce qu’elle est même stratégiquement contre-productive, et contraint l’intelligence du subalterne à déployer des stratégies de survie qui vont à l’encontre de l’intérêt colonial, dans les formes de l’organisation du travail productiviste :

La paresse du colonisé, c’est le sabotage conscient de la machine coloniale. (…) La résistance des forêts et des marécages à la pénétration étrangère est l’alliée naturelle du colonisé. (…) L’honneur, la dignité, le respect de la parole donnée ne peuvent se manifester que dans le cadre d’une homogénéité nationale et internationale. Dès lors que vous et vos semblables êtes liquidés comme des chiens, il ne vous reste plus qu’à utiliser tous les moyens pour rétablir votre poids d’homme.

La proposition initiale se retourne : le subalterne n’est pas un être de nature, mais un être parfaitement conscient, en situation potentielle de guérilla constante, qui sait utiliser la nature comme alliée contre son ennemi. Il n’est pas un primitif passif, mais le saboteur délibéré du projet colonial auquel il ne veut pas participer. Il n’est pas un individu sans foi ni loi, mais un sujet qui retourne contre le dominant ses propres armes : celles du mensonge et du double langage. Il n’est pas un chien, mais celui qui, traité comme tel, va précisément se comporter comme un homme, traitant en ennemi celui qui vise à le dominer.
La première manière d’affronter l’ennemi n’est pas de le tuer, mais de tuer en lui, comme dans l’œuf, la possibilité de déshumaniser. Toucher, au cœur même de la puissance du système d’extermination coloniale, le point névralgique de son extrême violence : sa bêtise. Fanon, militant du FLN en pleine guerre d’Algérie, porte le fer sur ce point précis qui se noue inextricablement à la question psychiatrique :

Si nous avons longuement repris les théories proposées par les hommes de science colonialistes, ce fut moins pour montrer leur pauvreté et leur absurdité que pour aborder un problème théorique et pratique extrêmement important. (…) Le problème théorique important est qu’il faut à tout moment et en tout lieu expliciter, démystifier, pourchasser l’insulte à l’homme qui est en soi. Il ne fait pas attendre que la nation produise de nouveaux hommes. (…) Il faut aider la conscience.

Pourchasser l’insulte à l’homme qui est en soi inverse exactement le processus animalisant de la chasse à l’homme. Celle-ci s’inscrit dans l’histoire de l’esclavage qui a fondé le devenir antillais et noir-américain, autant que dans celle de la colonisation qui a fondé le devenir algérien. La vie et l’engagement de Fanon procèdent de cette double histoire : celle de ses propres origines et celle de ses choix politiques. Dans cette chasse à l’insulte, Fanon désigne le rôle déterminant de la psychiatrie comme fonction politique. Que signifie soigner dans le contexte de la déstructuration coloniale ? Et en quoi l’activité médicale en général, et psychiatrique en particulier, peut-elle véritablement participer de l’insulte à l’homme qui est en soi ? Il l’écrit :

La vérité est que la colonisation, dans son essence, se présentait déjà comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques. Dans différents travaux scientifiques, nous avons, depuis 1954, attiré l’attention des psychiatres français et internationaux sur la difficulté qu’il y avait à « guérir » correctement un colonisé, c'est-à-dire à le rendre homogène de part en part à un milieu social de type colonial.

C’est le milieu colonial qui est profondément pathologique et déstructurant, et la visée d’adaptabilité est en ce sens une véritable option pathogène, une forme particulièrement perverse de l’insulte à l’homme qui est en soi. Elle conduit à ce sommet de la bêtise et de la cruauté que constitue la psychiatrie de l’école d’Alger. Vouloir rendre un sujet homogène à une société foncièrement discriminante, c’est en faire un sujet violemment clivé, et à vrai dire un non-sujet : ce que doit être l’indigène comme corps d’exception.

Ce que montre Fanon, c’est que la logique colonisatrice comme loi de la jungle est la véritable bestialité de l’animal colonisateur : des psychiatres neurobiologistes aux médecins expérimentateurs, la médecine s’y introduit comme l’ethnologie, le système religieux ou l’assistanat social, en véhicule du pouvoir policier :

La science médicale occidentale, introduite en Algérie en même temps que le racisme et l’humiliation, a toujours, en tant que partie du système oppressif, provoqué chez l’autochtone une attitude ambivalente.
Mauvais consultant, le colonisé algérien va se révéler un piètre malade. Irrégularité dans la prise du médicament, erreur dans les doses ou dans les modes d’administration, incapacité d’apprécier l’importance de visites médicales périodiques, attitude paradoxale, frivole, à l’égard du régime alimentaire prescrit, telles sont les particularités les plus frappantes et les plus communes constatées par le médecin colonisateur.
Pour une grande partie des colonisés, le médecin autochtone est assimilé au policier autochtone, au caïd, au notable.
Nous avons vu des médecins affectés à temps plein auprès d’officines de la police judiciaire, et nous savons que des philosophes et des prêtres, dans les centres de regroupement ou d’internement, assument la mission de laver les cerveaux, de pénétrer les âmes, de rendre l’homme algérien méconnaissable.

Cette contrebande de la fausse neutralité scientifique, ou de la fausse expertise, ou de la fausse bienfaisance humanitaire, ou de la fausse reconnaissance juridique, est au cœur du double langage qui construit la source intarissable de l’abrutissement politique qu’est la discrimination, comme mensonge essentialiste porté par le crédit « scientifique ». Le discrédit que Fanon jette sur elle en est une arme de destruction massive, mais qu’on a sans cesse besoin de réaffuter : il demeure, en tant que programme d’action politique, d’une brûlante actualité.
En 1991, le numéro 62 de la revue L’Algérianiste publiait un vibrant hommage au professeur Antoine Porot, vantant « la longue expérience clinique, le souci humanitaire, le sens éprouvé de l’enseignement, la finesse d’esprit et de jugement » du théoricien du primitivisme nord-africain. On pouvait y lire, sous la plume de son fils et successeur, président de la Société médico-psychologique depuis la mort de son père en 1965, une véritable hagiographie du fondateur de l’École algérienne de psychiatrie. Une notabilité de la bêtise criminelle et instituée, dont, même après la défaite coloniale, le démontage imparable de Fanon n’a pu encore venir à bout.

© Christiane Vollaire